Pierre Beranger-Fenouillet

What I know about my Montreal:

I bought my car from its first owner Mr B… - a very old man living in Fontainebleau, near Paris, France. I never met him in person but just a middle-man who had stored the car in his farmyard for 15 years. So the car still has its original registration plates.

In France in 1971, the Montreal was rather an expensive car. On the papers Mr B's profession is given as P.D.G. (French for Chairman of the board). The car was complete but with the engine dismantled. It was really rather rusted (mainly on the left side) and the counter was at 64,555 km.

While working on the car I learned that it had travelled at least once to Portugal (sticker on the windscreen), that Mr B was a hunter (I found a cartridge of 12 under the driver's seat) and that his wife must be interested in embroidery (DMC lace spindle under the passenger seat).

There was a lot of sand in the carpets, which were in rather good condition (so maybe the car is really only 64 Mkm?) as a result of travel to St Martin de Ré (one of the French Atlantic islands), since there was a ticket in the glove compartment under the shelf with several maps of France. This may also explain the rust …

I started restoring the Montreal in 2004.

Voyage avec la Montréal

Peu après Sens, la bâche à l'arrière se remit à battre. Déjà à peine parti d'Etampes, après 10 kilomètres, il avait fallu s'arrêter pour retendre les attaches de cette bâche de mauvaise qualité dont la trame commençait à se distendre, et vérifier mon chargement.

- Aire de stationnement à 10 km, encore 5 bonnes minutes avant l'arrêt à la vitesse de croisière de 110km/h maximum que je m'impose. Vu les qualités mécaniques de l'engin, c'est une vitesse suffisante pour rester dans le flot continu (la chenille) des tracteurs et des camions semi-remorques qui transitent vers le Sud sur la voie de droite de l'autoroute. Heureusement peu d'entre eux à cette vitesse là me doublent, car quand cela arrive tout de même, c'est à chaque fois un moment de menaçante proximité me semble toujours très long.

- Voici l'aire de repos - arrêt- 5h1/2 (17h30) et en ce début décembre il fait maintenant nuit noire - fermer la cabine - pose pipi d'abord. La journée a été continue, la précédente pose remonte à 11h ce matin juste avant le rendez-vous. Senteur d'autoroute dans les toilettes avec musique d'ambiance même ! Retour au camion plateau, la bâche a été déchirée, lacérée par le vent de la vitesse comme par un chat furieux, les oeillets sont tous arrachés, rien à récupérer, la décision est vite prise défaire les 2 oeillets qui tiennent encore. La bâche va terminer sa course dans la poubelle la plus proche, livrant à mon regard toujours admiratif la Montréal. Une Alfa-Roméo Montréal cause et raison de ce voyage.

Le prototype en fut crée en 1967 pour exprimer 'la plus haute aspiration de l'homme en matière automobile', mais plus que cette maxime, un rien pompeuse, ce sont d'autres aspirations qui motivent ma présence à ses cotés et ce voyage.

- 22h : péage de Villefranche, un homme s'approche pendant que je mets de l'ordre dans mes papiers - Sur la voie poids lourds ce n'est pas comme sur les voies tourisme on prend son temps - Allez-vous en vers Grenoble ? : Non, Chambéry. Pouvez-vous me déposer à la barrière de péage de la Verpillère ? Oui, montez. L'homme n'a franchement pas le look de l'auto-stoppeur standard, trench-coat sur veston cravate, mallette d'attaché à la main, Il s'installe. Je relance l'attelage dans le grondement du moteur et le ferraillement de la cargaison.

- L'homme s'est saisi de l'épais document à couverture rouge posé sur la banquette depuis le début du voyage 'Alfa-Roméo Montréal Catalogues complet des pièces détachées et références' qui d'ailleurs ne m'a finalement pas servi, puisque je n'ai pas eu à faire l'inventaire des pièces lors de la prise en charge. Le garagiste dépositaire que je connais depuis mon adolescence ayant fait le travail, séparant les innombrables pièces en de multiples cartons dûment étiquetés.

- C'est bien une Montréal?

- Oui

- Belle voiture pas courante

Difficile de dire s'il connaît où s'il ne fait que lire le titre du catalogue…

- Oui 3500 exemplaires seulement

- Un V8 dit-il en continuant à feuilleter le catalogue, si je me souviens bien, une voiture mythique du temps de ma jeunesse!

Ce catalogue j'en avais trouvé l'annonce tout à fait par hasard peu de temps après mon mariage dans une revue automobile, je l'achetai aussitôt, il me fit revenir en mémoire certains de ces instants d'enfance et de voyage que l'on n'oublie jamais mais que le fil du temps contribue à estomper jusqu'à l'oubli dans certains cas mais aussi à leur résurgence dans d'autres. Lorsque j'avais vu la proposition pour ce catalogue de pièces de Montréal, j'eus cette expression «ah ! Les côns » comme si soudain le fait de voir des journaux parler de cette voiture allait dévoiler au jour et à la multitude un souvenir et donc le souvenir exclusif que je gardais d'elle. J'achetai le catalogue par correspondance et il alla rejoindre dans la bibliothèque quelques autres ouvrages sur l'automobile et le bricolage, à coté du catalogue des outils à main FACOM, rayon passions mécaniques. Il m'aida à maintenir la flamme, jusqu'à ce jour où enfin j'entamais ce voyage. Ces retrouvailles avec des instants de mon adolescence, des émotions et des passages symboliques.

- Ralentir fortement dans la descente avant Dijon, le rugissement du diesel roturier dans la descente vers la vallée de la Saône, est bien loin des feulements du V8 à carter sec issu de la course de la Montréal lors des rétrogradages à la volée si j'étais à son volant en ce même lieu … un peu de patience

- Mon passager monologue sur les raisons de son voyage et son infortune, il fait du stop car il vient d'être mis à pied [sic] on lui a retiré sa voiture de fonction, mais il a déjà des contacts dans l'environnement, domaine porteur selon ses dires, d'ailleurs il revient d'ECOPOL le salon de l'environnement où il a eu des 'touches'… Ce n'est qu'une question de jours, J'acquiesce sur la réalité des besoins environnementaux même si je ne conçois pas une que l'on en fasse du business, car ce n'est pas un moyen mais seulement une composante du développement durable

- Etrange passager pour étrange voyage - étrange juxtaposition de voyageurs aux motivations si disjointes, entre nécessité et nostalgie - nécessité de nostalgie et si finalement en fin voilà peut-être le point clef de ce voyage : la nécessité de la nostalgie des instants d'adolescence. Voilà la barrière de péage de la Verpillère, je prends le couloir de droite pour facilité à mon passager la descente, il va vers Grenoble et nos itinéraires se disjoignent là. Il saute du véhicule en me tendant sa carte professionnelle

- Au revoir et bonne chance

- Bonne restauration !

- 45 minutes plus tard à minuit passé, le camion est rangé derrière la maison - on déchargera demain !

7h : déchargement : problème à résoudre les freins au sujet desquels mon Oncle pestait régulièrement à propos de leur efficacité un peu limitée au vu des performances de la voiture, la roue avant gauche est carrément bloquée - efficacité totale - si le chargement avec l'aide du treuil a pu se faire en force, la roue glissant sur le plateau humide, pour décharger le moteur ne pouvant aider (il est en pièces détachées dans le coffre), j'utilise un va et vient avec une poulie attachée sur un arbre au fond du jardin et quelques cordes supplémentaires de rallonge. La voiture consent à descende en 4 étapes - vite il faut aller rendre le camion-plateau avant 11h.

14h : démontage de la roue avant et de l'étrier de frein, tout est bien pris par la rouille, la voiture accuse les ans et je commence la liste de pièces fortement corrodées : 1 les freins 2 la carrosserie, cette superbe `linea' (comme disent nos voisins italiens) il faut la voir de loin car maintenant comme la veille à l'instant où je l'ai revue ce qui est remarquable de près c'est l'étendue des dégâts dus à la rouille - tour d'ailes, panneaux latéraux etc...

Il faut vous dire que 8 jours plutôt mon oncle m'avait contacté pour me dire 'Pierre, tu as toujours aimé la Montréal si tu veux venir la chercher, elle est à toi' En un temps de réflexion proche de zéro, j'organise dans ma tête l'opération : Planifier 2 jours de congés, louer un camion plateau. Arrivé chez le garagiste qui l'hébergeait depuis bientôt 20 ans, si la forme sous la bâche dans l'arrière cour du garage évoquait la 'linea' fidèlement à mes souvenirs, une fois celle-ci retirée, je n'avais pu que constater que la belle avait besoin de soins d'importance, la rouille ayant tout envahi, mais aussitôt j'avais décrypté les outrages du temps et leur cause parmi des voyages fameux à ma mémoire que je fis adolescent avec cette auto.

Nous avions en effet quelques habitudes de vacances en famille à cette époque, regroupement au sud de Paris avant d'aller vers l'isle de Ré, dans la villégiature de mon oncle. Nous partions en convoi (en principe ?) avec un planning de route bien minuté pour pouvoir passer sans encombre la chaussée inondable qu'il fallait utiliser à l'époque pour atteindre l'isle. Ma tante et mes cousins dans la DS break, mes parents et ma soeur avec notre Peugeot 504TI à injection partaient à l'heure prévue, mon oncle très pris par son travail de chef d'entreprise (profession PDG comme marqué sur la carte grise de la Montréal) avait toujours besoin de régler un dernier détail à l'usine avant de prendre la route, et donc partait plus tardivement arguant qu'avec la Montréal il nous rattraperait sans problèmes. Je m'ingéniais donc toujours pour être du voyage avec la Montréal sacrifiant ma place dans le convoi à ceux de mes cousins frères et soeur désireux de voir la mer au plus vite. Ainsi nous partions généralement 1 h après voir plus, occasion de faire de rugir le V8 pour rattraper le temps perdu, sur les nationales sans limitations de vitesse de l'époque. Cela s'achevait généralement en apothéose de jaillissement d'eau de mer lors du passage de la chaussée dans la marée qui commençait à monter. Le sel 20 ans plus tard avait fait son oeuvre, et la rouille est bien maintenant omni présente (les démontages montrant jour après jour des dégâts …béants) Mais quelle excitation dans ces voyages quand l'aiguille du compteur de vitesse dépassait le fatidique 200 (je me souviens encore du fou rire de nervosité qui me pris la première fois ) ou encore dans certains passage sinueux où le conducteur expert enchaînait des rétrogradages avec 'talons-pointe' et les relances montant les rapports intermédiaires à la volée jusqu'au régime maximal : musique mécanique qui m'accélérerait le coeur, et dont le seul souvenir me m'émeut toujours.

Les souvenirs ont continué à resurgir au fur et à mesure que je continue la remise en état de la voiture :

- Les fixations du siège du conducteur à demi arrachées (la tôle des supports est comme déchirée) par le poids du conducteur, cause vite identifiée l'oncle étant un homme d'importance (PDG voir ci-avant) mais aussi dépassant allègrement le quintal sur la balance

- Toujours en démontant les sièges : une bague d'échevette de mouliné DMC égarée par ma tante sans doute dont l'activité de détente favorite est toujours les ouvrages de dame ; canevas, à points comptés, broderie (Merci Christiane pour cette identification précise. Christiane c'est mon épouse qui aime bien les dentelles et à qui je fais maintenant concurrence par certaines parties de la Montréal).

- Le clapet thermostatique retrouvé dans la baie de pare-brise : et qui me rappela une homérique discussion avec le garagiste 'ma voiture chauffe' 'je vous dis que c'est impossible avec le système de refroidissement sophistiqué du moteur avec ses 2 radiateurs eau et huile' - cependant si la solution cavalière du garagiste de démonter le clapet thermostatique avait été efficace, à la réfection du moteur je découvrais que l'une des 2 culasses avait un défaut de fonderie obstruant partiellement un passage d'eau, et que le moteur devait bien chauffer anormalement ! (nous n'entamerons pas ici de discours sur les garagistes et leur compétences (?) notoires, qui jalonne certains de nos voyages).

- Le bouchon du réservoir d'huile retrouvé dans un recoin inaccessible, autre souvenir d'altercation cette fois là avec le garagiste de ST Martin de Ré (flatté de faire la vidange d'une Montréal, une si noble mécanique) mais qui avait égaré le dit bouchon au démontage. Mon oncle du faire à cause de cela un aller-retour vers Paris avec la 504 de mon père, car le bouchon bien sur spécifique ne pouvait être trouvé qu'à Nantes et n'arriverait que le sur lendemain au mieux. A son retour nous eûmes force commentaires sur le confort de la Peugeot mais « qui manquait un peu de puissance» (100 CV au lieu des 200 de la Montréal - évidemment c'était un peu court !)

- La cartouche de fusil de chasse 'Calibre 12 plombs de 7' trouvée également sous le siège du conducteur ; il faut vous dire que l'oncle était aussi chasseur et qu'il prenait toujours la Montréal pour aller à la chasse « vous savez le couple du V8 c'est fabuleux pour se sortir des ornières dans les sables de Sologne » (en effet les moquettes au lavage viennent de rendre des quantités de sable solognot et Martinais)

Je ne sais si en continuant la restauration de cette voiture, j'aurai l'occasion de refaire encore surgir des souvenirs de ces voyages et de ma famille, mais déjà cela à été une belle machine à voyager dans le temps, et parfois au vu des imperfections techniques liées à l'époque je me prends à rêver d'une modernisation de cette machine déjà fabuleuse pour aller créer avec elle dans de nouveaux souvenirs de voyages.

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